Magazine Melba: des articles pour vous inspirer et qui transmettent les valeurs de durabilité et de communauté de Maison Melba.

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Le design-build: collaborer pour mieux construire

Nicolas Lapierre, Francis Pelletier et Francis Martel Labrecque

Le design-build, ou conception-construction en français, est une méthode de livraison de projets qui a été utilisée pour l’élaboration de Maison Melba. Ainsi, concepteur et entrepreneur travaillent ensemble dès le début, en équipe, fournissant des recommandations unifiées, adaptées au calendrier et au budget du client. Nous avons discuté avec les architectes Nicolas Lapierre et Francis Martel Labrecque, de la firme L’Abri, ainsi qu’avec Francis Pelletier, architecte de formation et responsable de la construction à Modulor, pour en apprendre plus sur cette façon de faire.


Qu’est-ce que le design-build?

Francis Martel Labrecque: Le design-build, c’est de mettre en parallèle des étapes qui habituellement sont mises bout à bout. Le processus classique en construction, c’est la conception du projet par les architectes, suivie des soumissions aux entrepreneurs, du choix de l’entrepreneur et du lancement des travaux. Ça fait souvent des projets qui sont plus longs, dans lesquels il y a beaucoup d’allers-retours.

Francis Pelletier: Dans la formule classique, les architectes ont le lead au début du projet et à un moment donné, l’entrepreneur prend le relais.

Francis M.L.: Avec le design-build, il peut y avoir différentes formules, mais pour Maison Melba, dès nos premières esquisses, Modulor – l’entrepreneur – était impliqué dans le projet. Ça reste que ce sont les architectes qui gèrent les premières étapes, mais toujours avec l’apport de l’entrepreneur, qui peut dire ce qu’il est possible de faire ou non. Habituellement, le design-build permet d’accélérer le processus : tu valides le budget à mesure que tu avances, donc tu cours moins de risques de devoir revenir en arrière.


Est-ce une façon de faire récente?
Francis M.L.: Elle existe depuis la nuit des temps, je dirais! Pour nous, c’est revenir à l’essence de notre travail. La conception et la construction sont des phases différentes, mais ce sont les mêmes industries. Tu commences la conception et après tu remplaces le crayon par une perceuse, et là, tu construis le projet. C’est la formule qu’on préfère. Même quand on travaille de façon plus conventionnelle, avec d’autres, on aime collaborer avec l’entrepreneur tôt dans le processus. On aime avoir ces échanges-là, qui sont riches, avant de terminer nos dessins.

Nicolas L.: En résumé, pour ajouter à ce que Francis a dit, avec le design-build, tu as une intelligence collective dès le départ. Chaque personne concernée par le projet est assise autour de la même table, y compris le client. Avant, tu avais l’architecte qui était aussi maçon. C’est l’époque moderne qui a généré des fragmentations du processus; avec les appels d’offres, tout s’est standardisé et des étapes distinctes ont été créées. Ce qu’on ramène, avec le design-build, c’est une équipe de projet qui travaille conjointement vers un but commun, celui de réaliser le meilleur projet possible. Ça prend beaucoup de confiance de la part du client parce que dès le début, il choisit l’ensemble de ses partenaires. Cela dit, après, ça assure une qualité d’exécution.

Francis M.L.: Finalement, le design-build, c’est la collaboration des deux entreprises : celle qui va construire et celle qui fait la conception tôt dans le processus.


Dans le cas de Maison Melba, on parle de L’Abri et de Modulor?

Francis P.: Oui, ce sont deux entreprises séparées, mais qui appartiennent à nous trois.

Nicolas L.: On a passé nos licences d’entrepreneurs généraux quand on était à l’école d’architecture. Dans le temps, on a séparé les deux entreprises pour plein de raisons légales. Ç’a permis la croissance de chaque entreprise de façon plus structurée et indépendante, mais étant donné la parenté ente les deux, le design-build est toujours offert à nos clients. Avec les années, il y a une synergie qui s’est développée entre les deux entreprises. Même nos bons coups, on les «challenge», et on va plus loin de projet en projet.

Francis M.L.: Comme on travaille souvent ensemble, on peut se parler de ce qui a bien et mal été dans un projet pour éviter de reproduire des erreurs. C’est la force de travailler ensemble de façon répétée, en tant que concepteurs et constructeurs.

Quels sont les défis liés au design-build?

Francis P.: Le défi, c’est que chaque nouveau projet, on ne l’a jamais fait. On peut faire une analogie avec les constructeurs de voitures. Il y a les manufacturiers de voitures en série. Et il y a nous, qui devons faire, pour une première fois, une voiture ultraperformante et unique… et il ne faut pas se planter.

Francis M.L.: Les clients nous approchent pour des constructions innovantes, qui sont nouvelles, avec un design unique. On est donc toujours en train de réinventer la roue.

Comment ça s’est passé avec Maison Melba?

Nicolas L.: Simon, le propriétaire, avait une grande vision pour Maison Melba, soit celle de pousser la durabilité, la fonctionnalité et l’esthétisme dans le design. Je pense que ça aurait été très difficile d’y arriver autrement qu’avec le design-build. Le design-build doit être très collaboratif entre l’architecte, l’entrepreneur, les sous-traitants, les ingénieurs et le client, et ç’a été le cas dans ce projet. Ça nous a permis d’éviter les compromis sur ce qui était important pour Simon.

Francis P.: Simon est un client qui était à l’aise avec un niveau de risque élevé. Pour lui, Maison Melba, c’est vraiment un prototype. Il était à l’aise d’essayer des choses au risque que ça ne soit peut-être pas parfait. Il a été très impliqué dans le processus et ç’a servi le projet.

Nicolas L.: Son ouverture et sa curiosité lui ont permis de profiter au maximum de ce que la formule peut offrir.

Francis M.L.: Le design de Maison Melba n’était pas 100% final quand les travaux ont commencé. Ça permet ça, aussi, le design-build. Quand tu travailles de manière traditionnelle, le design au fur et à mesure vient avec un risque plus élevé.

Francis M.L.: Modulor avait un chargé de projet sur le chantier qui a des compétences en menuiserie assez poussées : Lucas. Il apportait des points, des idées, qu’on validait. Il comprenait nos objectifs esthétiques et fonctionnels, et parfois, il jugeait que nos idées n’étaient pas tout à fait justes, donc il proposait ses façons d’arriver au même résultat. Il y avait beaucoup d’échanges super enrichissants durant la construction.

Le design-build génère donc vraiment un travail d’équipe et de collaboration?

Francis P.: C’est ça, le résumé. C’est fait de plein de petits échanges, alors que dans la méthode traditionnelle, on fait tout pour éviter les échanges. En design-build, on se parle tout le temps. Il n’y a personne qui a 100% de la réponse à une question, mais il y a toujours quelqu’un qui est plus compétent dans une partie de la réponse.

Nicolas L.: Ça permet de raffiner le projet jusqu’au bout, et de laisser de la place à de nouvelles idées. Ça permet beaucoup de fluidité.

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Pour l’amour de la faune et de la flore

Marylie Dion est designer en permaculture pour Écomestible depuis quatre ans, mais elle exerce le métier depuis 17 ans déjà. Grâce à sa formation de design en permaculture, ses nombreuses années à travailler pour un paysagiste ainsi qu’au sein de sa propre entreprise et son mode de vie qui tend vers l’autosuffisance (consultez son projet ici), Marylie était la personne tout indiquée pour travailler sur le projet d’aménagement paysager de Maison Melba. Son mandat? «Créer une expérience visuelle dans le respect de la nature», résume-t-elle. Entrevue.

Quelle est la mission d’Écomestible?

Écomestible conçoit des projets d’aménagements paysagers commerciaux et résidentiels alliant art et design, réalise des designs de fermes et de milieux de vie écologiques et innovants et élabore des stratégies pour favoriser la biodiversité, et ce, majoritairement en Estrie, un peu partout au Québec, ainsi qu’en Europe.

Pour ma part, je travaille au volet «permaculture», avec lequel on aide les propriétaires à créer chez eux un aménagement paysager écologique, comestible et esthétique. Le but est de répondre aux besoins et aux objectifs des propriétaires tout en respectant ce que leur site possède en matière de possibilités et de contraintes.

Il faut savoir qu’on ne fait pas de réalisation chez Écomestible; on collabore avec d’autres professionnels sur ce plan-là.

Quelles étaient les prémisses du projet pour Maison Melba?

Lorsqu’on se lance dans un nouveau projet, on doit tout d’abord analyser les besoins et les objectifs du client. 

Pour Maison Melba, on s’est enligné sur une petite production d’herbes et de fruits ainsi que sur des arrangements végétaux qui invitent les gens jusqu’à la maison. Le tout a été pensé comme une expérience visuelle. L’objectif était de créer quelque chose qui respecte la nature, et qui stimule la biodiversité.

 

Quels étaient les défis de ce projet?

Le sol était notre plus grand défi. C’était du concassé (des roches) partout. Il n’y avait rien qui poussait là. On a donc dû réfléchir à la façon dont on pourrait aider la nature à regagner du terrain.

Qu’est-ce qui a été proposé?

En ce qui concerne les plantes comestibles, j’ai sélectionné des vivaces, des arbres et des arbustes polyvalents. On a mis beaucoup de plantes aromatiques, comme de l’échinacée, de la sauge, du thym, de la mélisse et de l’agastache, pour ne nommer que celles-ci.

Ces plantes ont comme fonction d’attirer les oiseaux et les pollinisateurs et sont utilisées fréquemment en cuisine.

En façade, on a mis des semences indigènes pour créer un pré fleuri. On laisse la nature faire; cet espace nécessite peu d’entretien et aura un impact positif pour créer un sol vivant et pour l’équilibre du projet d’aménagement dans son ensemble. L’effet fleuri est particulièrement joli.

Finalement, on a créé un jardin d’oiseaux, c’est-à-dire un endroit rempli de fleurs et de fruits qui les attirent, afin de pouvoir les observer. On a planté des bleuets, du cèdre, du fusain, des framboisiers, et plusieurs autres variétés.

Quel entretien sera nécessaire pour ces nouveaux végétaux?

On laisse la nature s’exprimer et il ne faut pas être trop pressés. On estime quand même que pour les deux ou trois premières années, il faudra environ cinq heures de travail par semaine sur le terrain. Il faut surtout faire attention aux mauvaises herbes qui peuvent tuer ces nouvelles plantes.

On continuera de venir visiter Maison Melba afin d’orienter le développement et l’entretien du nouveau jardin!

 

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Geneviève Vézina-Montplaisir Geneviève Vézina-Montplaisir

La petite histoire de Maison Melba

Maison Melba est nommée ainsi, car elle s’élève dans le chemin Melba, à Frelighsburg. Cette petite artère tire son nom de la variété de pomme Melba. D’ailleurs, non loin, on trouve aussi le chemin McIntosh, le chemin Smith et le chemin des Pommes. La pomiculture a toujours fait partie du paysage du joli village des Cantons-de-l’Est, où les vergers se succèdent en bord de route et marquent ainsi les souvenirs d’enfance de ceux et celles qui y ont grandi.

C’est le cas de Jessyka Brunet, ancienne propriétaire de la maison, qui se souvient des pommes, des vergers, des arbres en fleurs et de l’esprit de communauté qui vient avec. Et aussi des garages qui ont occupé les lieux avant que l’endroit devienne une demeure familiale.

Relativement jeune, la maison a été construite en 1970. À cette époque, Gérard Boucher occupait les lieux. «Il avait une collection de voitures d’antan et les exposait sur son terrain», raconte Jessyka Brunet. Dans les années 80, M. Boucher avait fait aménager un logement à côté de son garage afin qu’un employé de ferme puisse y habiter. Il avait aussi ajouté un bureau et un atelier pour fabriquer de meubles et restaurer les vieilles automobiles qu’il aimait tant.

Roger Courchesne, le père de Jessyka, est devenu propriétaire après M. Boucher. «Il avait une entreprise de remorquage. Il entreposait plein de trucs pour réparer des voitures», se rappelle-t-elle. Puis, en 2013, ce fut à son tour d’habiter la maison-grange du chemin Melba avec sa famille. Exit les pièces automobiles : il était maintenant temps de jouir pleinement de l’espace habitable de la maison.

Après y avoir passé près d’une décennie, accumulant au fil des ans les souvenirs de famille – comme lorsque les enfants faisaient du vélo à l’intérieur tant l’endroit est spacieux –, Jessyka a mis la maison en vente, en 2020.

L’annonce se lisait ainsi : «Maison de deux étages à vendre à Frelighsburg. Magnifique grange rénovée en une maison unique, située dans un des plus beaux villages du Québec, sur un chemin en cul-de-sac en bordure de la route des vins, avec un immense garage commercial connecté à la maison. Plusieurs possibilités offertes. Une aire ouverte se trouve au rez-de-chaussée et toutes les chambres sont au deuxième étage. Rénovée à 75%. Ne reste que votre amour à y mettre.»

Et de l’amour, Simon Desmarais en avait à revendre pour son projet. Il a racheté la maison après avoir eu un véritable coup de cœur pour celle-ci et s’est fait le devoir de garder son ancienne proprio au parfum de ses idées de grandeur. «J’aimais beaucoup cette maison et je crois que Simon a vu ce que j’y voyais aussi, dit Jessyka. Il m’a toujours fait sentir comme si je faisais partie du projet.»

Même si elles n’occupent plus la Maison qui appartient désormais à tous ceux et celles qui désirent y réaliser des projets, Jessyka et sa petite famille y seront toujours les bienvenues.

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Geneviève Vézina-Montplaisir Geneviève Vézina-Montplaisir

Frelighsburg, terreau fertile

Au milieu des monts de Brome-Missisquoi, Frelighsburg sort du lot grâce à ses jolies boutiques, à ses petites fermes, à ses restaurants et à ses initiatives qui font de la municipalité un endroit vivant. Mais qu’est-ce qui rend Frelighsburg si fertile?

Pour les gens de passage, Frelighsburg est un noyau villageois où il fait bon s’arrêter afin de faire des provisions à La Rumeur affamée, une épicerie fine installée dans l’ancien magasin général; de goûter les vins et cidres de Saragnat, l’une des plus anciennes cidreries du Québec; ou de tranquillement prendre un café ou un verre sur l’une des belles terrasses donnant sur la rivière, comme celles du Lyvano et des 2 Clochers.

Mais pour les 1200 âmes qui y habitent, Frelighsburg, c’est encore plus que ces jolis commerces. C’est d’abord un milieu de vie où l’art a toute sa place.

Art

«La devise du village, c’est Art, nature et patrimoine. Art est en premier», fait remarquer Chloé Roy, fondatrice de Floramama, une ferme florale écologique installée à Frelighsburg depuis 2014. «Je vis ici depuis longtemps et on le sentait, il y a 10 ou 15 ans déjà, qu’il y avait dans le coin une effervescence, qu’il se passait quelque chose. Déjà, il y avait une vitalité artistique et ç’a fait en sorte d’attirer du monde, comme des gens de Montréal qui sont venus s’installer ici.»

Lucie Dagenais, mairesse de Frelighsburg depuis 2021, est du même avis et estime que l’art et la culture, ancrés dans la municipalité depuis longtemps, donnent à l’endroit sa personnalité. Aujourd’hui, le centre d’art situé au cœur du village en témoigne, tous comme les céramistes, peintres, photographes, potiers et écrivains installés à Frelighsburg, dont certains accueillent le public dans leur boutique ou atelier.

Le Beat & Betterave, café-brasserie et salle de spectacle, est aussi depuis quelques années le porte-étendard d’une culture forte où se tiennent différents événements artistiques qui permettent aux gens d’échanger.

«[Frelighsburg] a toujours eu un côté particulier grâce à des gens qui sont près de la nature et de la terre, qui ont de belles valeurs.» - Lucie Dagenais, mairesse de Frelighsburg

Nature

«On n’a pas de montagne de ski ou de lac, mais on a la beauté des paysages et la vivacité de la communauté, dit Lucie Dagenais, première femme à la tête de la municipalité. L’endroit a toujours eu un côté particulier grâce à des gens qui sont près de la nature et de la terre, qui ont de belles valeurs. À mon avis, tout ça s’est cristallisé au cours des 20 dernières années», observe celle qui s’est installée dans la région il y a justement 20 ans.

Aujourd’hui, pour profiter de cette nature environnante, des initiatives citoyennes comme Vitalité Frelighsburg entretiennent des sentiers ouverts à tout le monde. Puis plusieurs jeunes investissent les lieux avec des projets d’agriculture. Chloé Roy, de Floramama, parle de Rizen, une ferme de légumes asiatiques; des Cocagnes, un projet agroécologique collectif qui accueille diverses entreprises agricoles (dont Le Rizen); des Siffleux, une ferme maraîchère; et du Haut-Vallon, une ferme qui cultive des pommes et de l’ail biologiques en plus d’élever des agneaux au pâturage et de produire du sirop d’érable artisanal.

De son côté, Lucie Dagenais évoque les mercredis fermiers, où se rassemblent dans un restaurant du village tous ces jeunes agriculteurs afin d’échanger, puis le Marché fermier du samedi, où les citoyens peuvent se procurer l’été les récoltes qui proviennent des terres de la municipalité.

Patrimoine

«Il y a plusieurs nouveaux citoyens qui vivent à Frelighsburg, mais il y a aussi des gens qui ont toujours vécu ici, ce qui fait que la mémoire est là», croit la mairesse, estimant qu’il s’agit là d’une richesse.

Frelighsburg donne une place à son histoire comme en fait foi le buste qui trône au village, celui de l’ancien premier ministre Adélard Godbout, qui a possédé une ferme pendant des années dans le secteur. Il y a aussi les lieux historiques du village qui restent bien vivants grâce, entre autres, à La Rumeur affamée, qui s’est installée dans l’ancien magasin général, et à l’hôtel de ville et au centre d’art, qui ont investi une ancienne école anglaise. La municipalité a également acheté la magnifique église anglicane pour y tenir divers événements.

Un endroit vivant

Cette passion pour l’art, la nature et le patrimoine est portée par une communauté tissée serrée qui organise et fréquente des marchés fermiers, des soirées pizzas, des célébrations d’Halloween, des marchés de Noël... «Il y a un alignement des astres et tout le monde, anciens comme nouveaux résidents, s’entend sur la direction à prendre pour le développement de Frelighsburg», constate Lucie Dagenais, qui aime échanger et rêver de projets d’avenir avec les Frelighsbourgeois.

«J’arrive comme mairesse à un moment extraordinaire, car il y a un esprit de communauté entre tous les citoyens, poursuit-elle. Ce qui me rend le plus fière, c’est l’engagement de tout le monde, souvent bénévole, à faire vivre Frelighsburg et à s’entraider l’un et l’autre. Je considère qu’être mairesse d’un lieu aussi fertile, c’est un privilège extraordinaire!»

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Geneviève Vézina-Montplaisir Geneviève Vézina-Montplaisir

Une maison durable, c’est quoi exactement?

De nos jours, il est primordial de réfléchir aux impacts de nos choix sur l’environnement. Au moment de rénover ou de construire une maison, chaque décision compte, tant pour notre bien-être que pour la santé de la planète. De plus en plus de gens se lancent donc dans la construction durable.

De la maison autonome à la maison passive, en passant par la maison écologique homologuée Novoclimat ou certifiée LEED, les bâtiments durables ont tous le même objectif: minimiser l’empreinte de la construction ou de la rénovation sur l’environnement. Ces maisons promettent aussi, à différents degrés, efficacité énergétique, plus grand confort pour les personnes qui l’habitent et qualité de l’air optimale, en misant notamment sur une meilleure isolation et un système de ventilation plus performant. «Certains programmes analysent même l’impact global de tous les matériaux utilisés ou encourage les emplacements dont l’impact sur la biodiversité est minime», explique Benjamin Zizi, directeur des évaluations pour Écohabitation, un organisme indépendant qui accompagne les professionnels et les particuliers dans la réalisation de leurs projets d’habitation durable.

Pour plusieurs personnes, de tels projets semblent impensables financièrement parlant. Il y a effectivement un coût à payer pour se lancer dans ce type de construction. Selon différentes sources consultées, on parle d’un surcoût de 3 à 10% pour la construction d’une maison durable par rapport à une construction standard. Pour les maisons certifiées LEED, «le surcoût est quand même assez minime», estime Benjamin Zizi, dont l’organisme agit aussi comme certificateur LEED. Il évalue plutôt le coût additionnel entre 2 et 5%, bien que certains projets coûteront plus cher, notamment ceux certifiés LEED Platine. C’est comme choisir d’acheter une voiture électrique plutôt qu’un véhicule à essence: on paie un peu plus cher au départ, mais on économise plus tard. Selon la modélisation énergétique réalisée par Écohabitation, Maison Melba, rénovée pour répondre aux exigences LEED, sera 54% plus efficace sur le plan énergétique qu’avant les rénovations (ou même qu’une construction neuve standard de même dimension).

Choisir de construire une maison durable, c’est comme choisir d’acheter une voiture électrique plutôt qu’un véhicule à essence: on paie un peu plus cher au départ, mais on économise plus tard.

«Ce qui est intéressant avec Maison Melba, bien que ce soit un projet très haut de gamme, c’est que les efforts n’ont pas été mis seulement sur l’architecture et le design. Le propriétaire et les concepteurs n’ont vraiment pas lésiné sur la qualité de la construction et les critères de performance de l’isolation», précise Benjamin Zizi, qui a suivi le projet de près.

Des modèles qui font des petits

Les gens qui désirent construire ou rénover leur maison de façon durable peuvent se tourner vers plusieurs modèles. Voici les plus répandus.

  • Novoclimat est un programme du gouvernement du Québec qui, depuis 1999, «définit des exigences techniques à respecter lors de la construction d’une maison ou d’un bâtiment multilogements afin d’offrir une performance énergétique supérieure à celle qu’offre le Code de construction en vigueur». Les propriétaires d’une habitation Novoclimat, où la qualité de l’air intérieur, l’étanchéité et l’isolation de la maison ont été évaluées, réalisent généralement des économies annuelles de 20% sur leur facture d’électricité.

    Pour plus d’information c’est ici.

  • Le Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) est probablement le programme de certification écologique le plus connu au Québec. Créé aux États-Unis, il fonctionne selon un système de points qui détermine si le bâtiment portera la mention certifiée, argent, or ou platine. Plus complet que Novoclimat, le programme LEED évalue, en plus de l’efficacité énergétique, l’aménagement écologique des sites, les économies d’eau, le choix des matériaux et la qualité de l’air intérieur.

    «Pour être certifié LEED Platine, comme c’est le cas pour Maison Melba, il faut être bon partout, explique Benjamin Zizi. Ça prend un projet bien équilibré à tous les niveaux, avec une très bonne efficacité énergétique, une bonne qualité de l’air, une bonne utilisation de l’eau. Maison Melba a aussi obtenu pas mal de points puisqu’il s’agit d’un projet de rénovation et non d’une construction neuve.»

    Un exemple de maison certifiée LEED Platine dans les Cantons-de-l’Est ici.

  • Avez-vous déjà entendu parler du concept de maison passive? Le terme fait référence à une maison qui consomme très peu d’énergie et qui répond à six critères précis:

    - une isolation thermique des parois très élevée et des fenêtres de très grande qualité;

    - la suppression des ponts thermiques [qui occasionnent une augmentation de la dépense énergétique];

    - une excellente étanchéité à l’air;

    - une ventilation double flux avec récupération de chaleur;

    - une captation optimisée (mais passive) de l’énergie solaire et des calories du sol;

    - une consommation d’énergie limitée pour les appareils ménagers.

    C’est le Passivhaus Institut de Darmstadt, en Allemagne, qui gère la certification.

    Un exemple de maison passive dans les Cantons-de-l’Est ici.

  • Le concept des maisons à consommation énergétique nette zéro (net zero energy building en anglais) est simple: ces constructions génèrent autant d’énergie qu’elles en consomment. Ce type de maisons utilise des énergies renouvelables comme le solaire ou la géothermie pour se chauffer, s’éclairer et faire fonctionner ses appareils. Des frais importants sont à prévoir pour habiter une maison autonome, notamment pour l’achat de panneaux solaires et de batteries de stockage.

    Un exemple de maison énergétique nette zéro dans les Cantons-de-l’Est ici.

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Geneviève Vézina-Montplaisir Geneviève Vézina-Montplaisir

L’enduit à la chaux: un savoir-faire artisanal unique

Carol-Anne et son équipe ont passé plus de 1600 heures à enduire de chaux les murs de Maison Melba.

Utilisés depuis l’antiquité, les enduits à la chaux apportent profondeur, chaleur et caractère aux endroits où ils sont appliqués. Encore largement utilisés en Europe, ils gagnent aujourd’hui en popularité de notre côté de l’Atlantique auprès d’artisans et artisanes qui développent leur savoir-faire pour les utiliser selon les règles de l’art.

Carol-Anne Poirier, est une nouvelle initiée à cette technique de revêtement. Engagée pour effectuer tout le revêtement intérieur de Maison Melba avec de l’enduit à la chaux, la jeune femme est allée en France pour comprendre comment bien travailler avec ce matériau naturel rempli d’histoire.

La chaux est un liant issu de la cuisson à très haute température du calcaire. De cette cuisson résulte une poudre de chaux qu’on mélange à des agrégats et à des pigments pour préparer des enduits.

«En Europe, environ 75% des habitations sont recouvertes, à l’extérieur comme à l’intérieur, d’enduits de toutes sortes: stuc, plâtre vénitien, chaux... indique-t-elle. Pour vraiment comprendre le produit, je suis allée suivre, en janvier 2022, une formation privée de deux semaines dans le sud de France. J’ai ainsi pu approfondir mon savoir-faire.»

Un enduit est une préparation de consistance fluide ou pâteuse qu’on applique sur une surface pour la rendre plus lisse. L’enduit à la chaux est étendu à l’aide d’une truelle ou d’une brosse. Comme il durcit lentement, il peut être travaillé plusieurs fois par l’artisan qui crée ainsi différentes textures. Là où la chaux figé, on apprécie donc tout le mouvement orchestré par celui ou celle qui l’a appliquée.

«Tu prends quelque chose qui provient de la terre, tu le mets sur les murs et ça redevient de la terre. C’est unique! s’enthousiasme Carol-Anne. Quand je travaille avec ce produit, je suis dans un état méditatif, dans un état second. Sur les murs, on perçoit tout le mouvement, tout le côté artisanal fait à la main. Il y a toutes les heures passées, tout le dévouement dans le travail. Il n’y a personne d’autre qui peut reproduire mon coup de truelle. Avec l’enduit à la chaux, j’ai l’impression de faire de l’art, mais en construction.»

Carol-Anne et son équipe ont passé plus de 1600 heures à enduire de chaux les murs de Maison Melba.

Vivant, apaisant et naturel

Une fois le travail de l’artisan terminé, l’effet de l’enduit est à la fois apaisant et enveloppant. Grâce à la chaux, on cherche à apporter de la chaleur à des espaces qui autrement, avec leur design très épuré, pourraient s’avérer froids. L’enduit à la chaux est ainsi de plus en plus souvent intégré à des projets d’architecture contemporaine. «L’enduit à la chaux est une idée qui s’est présentée assez tôt dans le projet de Maison Melba, explique Pia Hocheneder, chargée de projet d’origine autrichienne à la firme d’architecture L’Abri. C’est un matériau qui possède une belle profondeur, une richesse. Son utilisation a aussi été inspirée par mon background européen; on le retrouve souvent comme habillement en Europe.»

Cela dit, en plus d’être esthétiques, les propriétés de l’enduit à la chaux sont aussi écologiques. «Je ne pense pas que Simon [l’initiateur de Maison Melba] et Pia pouvaient choisir une meilleure matière de finition. Elle est naturelle, sans produit chimique, hydrofuge, antibactérienne et antifongique», explique Carol-Anne.

Et ce n’est pas tout. Une fois séché, l’enduit à la chaux est antistatique et antipoussière. Cette finition durable, qui résiste au feu et à l’humidité, possède également une faible conductivité sonore et thermique. Elle est aussi étanche à l’eau, mais laisse respirer les murs.

Que demander de plus?

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